Le commandement des opérations spéciales COS est un état-major interarmées basé à Paris et chargé de concevoir, planifier et conduire les opérations militaires des forces spéciales. Ces missions, situées en dehors des cadres d’actions militaires classiques, visent à atteindre des objectifs d’intérêts stratégique notamment en termes d’actions d’environnement, d’ouverture de théâtre d’intervention dans la profondeur sur des objectif à haute valeur ou en matière de lutte contre le terrorisme. Le COS est placé sous l'autorité direct du chef d’état-major des armées permettant une boucle décisionnelle courte et un contrôle politico-militaire étroit. Qu’est qu’une opération spéciale ? Par définition une opération spéciale est une mission particulière exécutée par une ou des unités spécifiques dont le bénéfice est à haute valeur stratégique pour les armées, mais aussi le pouvoir politique. Souvent exécutées sur un territoire hostile ou derrière les lignes ennemies, les opérations spéciales peuvent durer quelques heures, jours, voire plusieurs semaines. Pour éviter la compromission ou la fuite d’information, ces missions sont la plupart du temps secrètes et connues d’un nombre limité de personnes. Origine du commandement des opérations spéciales Le commandement des opérations spéciales COS est créé par un arrêté du ministre de la Défense de l’époque, Pierre Joxe, le 24 juin 1992. Il est né de la volonté des armées, suite à la guerre du Golfe, de posséder un interlocuteur unique pour coordonner toutes les actions des unités spécialisées opérant sur un territoire. C’est le général Maurice Le Page, alors en poste comme adjoint opération à la 11e brigade parachutiste qui sera chargée d’être le premier commandant de l’état-major du COS. Après plusieurs visites des unités des forces spéciales à l’étranger le général Le Page a choisi de créer un modèle proche de celui utilisé par les Britanniques le format des unités était plus proche de celui des unités françaises que celui des Américains. Le général Le Page commandera le COS jusqu’en 1996. Depuis 2017 le commandement des opérations spéciales est basé à Balard sur l'emprise du ministère des Armées. Mission du commandement des opérations spéciales Le commandement des opérations spéciales peut être considéré comme un réservoir de compétence multimilieu Terre, Air, Mer. En fonctions des missions fixées par le chef d’état-major des armées CEMA, le COS fournit les unités adaptées et disponibles 24/24, 365 jours par an. Le commandement des opérations spéciales à plusieurs missions régaliennes Concevoir, planifier et conduire les missions des opérations spéciales Participer à la réflexion sur l’amélioration des matériels et doctrines d’emploi des unités du COS Assurer la cohérence d’emploi des unités en fonctions des missions données par l’état-major des Armées Fédérer les différentes unités du COS pour maintenir une cohésion et une forces spéciales », quelle que soit l’armée d’origine Bien qu’orientés vers un milieu de prédilection propre à leur armée d’origine, les commandos des opérations spéciales agissent dans tous les milieux. Ainsi des unités de l’armée de Terre ont des composantes nautiques, les aviateurs peuvent intervenir en milieu urbain ou des marins en plein désert sahélien. Ils sont tous capables de mener des opérations de renseignement, d’assaut, de neutralisation, de libération d’otages, de capture de cibles à haute valeur ajoutée, d’action d’influence ou de soutien. Point particulier, contrairement à d’autres unités d’opérations spéciales étrangères, le COS ne possède pas de composante psyops guerre psychologique ou action civilo-militaires. Celles-ci sont détenues par une unité interarmées basée à Lyon Le CIAE Centre interarmées des actions sur l’environnement. Organisation du commandement des opérations spéciales Aujourd’hui le commandement des opérations spéciales regroupe environ 4 000 personnes dans une organisation adaptée aux missions des forces spéciales un état-major restreint, un vivier d'unités spéciales dépendant organiquement de leur armée respective, une chaine opérationnelle et décisionnelle complète permettant réactivité et autonomie ponctuelle. État-Major du commandement des opérations spéciales Il regroupe environ une centaine de personnes des différentes unités du COS. Basé au ministère des Armées à Balard, il est commandé par un officier général appelé GCOS » s’il est issu de l’armée de Terre ou de l’armée de l’Air et de l’Espace ou ALCOS » si c’est un marin. Actuellement le COS est commandé par le général Bertrand Toujouse ancien chef de corps du 13e RDP. Le commandement des forces spéciales terre COMFST Basé à Pau, le COMFST est un état-major de niveau divisionnaire créé le 23 juin 2016. Principalement employé par le COS et la direction du renseignement militaire, il compte environ 2 600 hommes et femmes. Actuellement les forces spéciales Terre fournissent environ 70% des effectifs engagés dans les opérations spéciales des armées françaises. Le COMFST regroupe les quatre unités FS de l’armée de Terre ainsi qu’un groupement spécialisé prélevé sur les forces conventionnelles pour des besoins spécifiques sur une mission donnée. Il est aussi le garant de la préparation et de la formation des unités avant leur départ en opération au sein de l’académie ARES. Le 1er régiment parachutiste d’infanterie de marine 1er RPIMa Basé à Bayonne, il est composé de six compagnies sticks actions spéciales SAS, il est le spécialiste du contre-terrorisme et de la libération d’otages CTLO. Chaque compagnie est spécialisée dans un domaine d’action particulier saut à très grande hauteur, actions subaquatiques, jungle, désert, patrouille dans la profondeur, reconnaissance… Le 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales 4e RHFS Situé à Pau, le 4e RHFS est la composante aéromobile des opérations spéciales. Ces huit escadrilles dont deux de soutien fournissent aux commandos les moyens nécessaires de transport, d’appui et de renseignement pour intervenir vite et loin en totale autonomie et discrétion. Il est principalement armé par des hélicoptères d’appui et de manoeuvre Cougar et Caracal et d’hélicoptères d’attaque Tigre et Gazelle. Deux escadrilles équipées de Puma sont stationnées à Vélizy-Villacoublay et agissent principalement au profit du ministère de l’Intérieur pour les unités du RAID et du GIGN Le 13e régiment de dragons parachutistes 13e RDP Plus vieille unité du COMFST, le 13e RDP est basé à Souge après plus de 50 années de garnison en Lorraine. Le 13e régiment de dragons parachutistes est spécialisé dans la recherche, l’analyse et l’exploitation du renseignement. Ces commandos, reconnus dans le monde entier, constituent une unité capable de s’infiltrer dans la profondeur en toute discrétion, mais aussi en mesure de se fondre au milieu des populations. Chacun de ses escadrons est spécialisé dans un domaine d’action spécifique milieu aquatique, désert, montagne, saut à très grande hauteur, transmission et traitement de l’information et analyse du renseignement. La compagnie de commandement et de transmission des forces spéciales CCT-FS Directement rattachée au COMFST, la CCT-FS est chargée de la constitution et des moyens de transmissions de l’état-major quand il est déployé en opération. Il assure les liaisons entre le COMFST et les unités sur le terrain. Le groupement d’appui aux opérations spéciales GAOS Le GAOS est un réservoir de compétence du deuxième cercle composé d’éléments aux capacités d’emplois très spécifique et puisé dans les unités des forces conventionnelles. Le groupement d’appui aux opérations spéciales fournit des personnels dans les domaines du NRBC, de la guerre électronique, des équipes cynophiles ou encore de l’interrogatoire de prisonniers. En fonctions des missions, les militaires sont détachés au COMFST et formés à l’académie ARES L’académie ARES Véritable pôle d’expertise des forces spéciales, l’académie ARES est colocalisée au COMFST à Pau. Structure à vocation interarmées et interalliée, ARES forme et prépare les équipes commandos avant leur départ en opération, mais est aussi chargé d’une partie de la formation des commandos. La force maritime des fusiliers marins et commandos FORFUSCO Créée en 2001 la force maritime des fusiliers marins et commandos est une des quatre grandes composantes de la Marine nationale. Elle regroupe les bataillons et compagnies de fusiliers marins et les sept commandos marine qui forment la composante navale des forces spéciales. Commandé par un amiral, son état-major se situe à Lanester. Actuellement les commandos marine représentent une force d’environ 700 hommes. Capables d’opérer dans tous les milieux sur les théâtres extérieurs les commandos marine sont entraînés pour une multitude de missions comme les actions terrestres depuis la mer, la terre ou les airs, la reconnaissance de zone avant l’arrivée des forces, l’évacuation de ressortissants, la destruction de cibles stratégiques et les interventions en mer. Chaque commando possède trois groupes d’action en haute mer et un groupe spécialisé dans le contre-terrorisme et la libération d’otages CTLO. Si certaines missions sont communes à tous les commandos assaut par mer, reconnaissance et appui, chaque commando est détenteur d’un domaine de spécialité Les commandos Jaubert et Trepel Spécialistes du contre-terrorisme maritime, de l’extraction de ressortissants et de l’assaut par mer Le commando de Montfort Spécialisé dans la neutralisation de cibles à distance avec des groupes de tireurs d’élite, des spécialistes mortier ou antichars. Le commando de Penfentenyo Spécialiste de la reconnaissance et la récupération de renseignements à des fins d’action guidage aérien par exemple Le commando Hubert Seul commando à disposer de nageurs de combat, il est aussi l’unique groupe stationné sur la façade méditerranéenne. Le commando Hubert est le spécialiste de l’action sous-marine et du contre-terrorisme maritime. Le commando Kieffer Ce commando d’appui est capable d’intervenir dans des domaines très spécifiques comme le combat en environnement NRBC, l’utilisation de drones, la guerre électronique ou le déminage. Le commando Ponchardier Dernier né des commandos 2015 cette unité d’appui est spécialisée dans la fourniture de vecteurs spécifiques nautiques, terrestres et 3D et d’armement. La brigade des forces spéciales de l’air BFSA Rebaptisée BFSA depuis le 1er septembre 2020, la BFSA est la composante aérienne du commandement des opérations spéciales. Cette force de 4 000 hommes et femmes a la particularité d’avoir sous ses ordres des unités conventionnelles comme le CPA 20, les escadrons de protection ou les centres de formation spécifiques. Quatre unités dépendent des forces spéciales Le commando parachutiste de l’air N°10 CPA 10 Stationné sur la base aérienne 123 d’Orléans-Bricy, le CPA 10 à pour missions principales les opérations de contre-terrorisme et de libération d’otage CTLO, la capture de cible à haute valeur ajoutée, le guidage de frappes aériennes, la reprise et la mise en oeuvre de zones aéroportuaires, la préparation de terrains sommaires pour le posé d’assaut des aéronefs. Le CPA 10 est composé de dix groupes actions d’une dizaine de commandos. Le commando parachutiste de l’air N°30 CPA 30 Intégré aux forces spéciales de l’armée de l’Air et de l’Espace depuis juillet 2019, le CPA 30 est stationné sur la BA 123 d’Orléans-Bricy. Le CPA 30 est spécialisé dans l’intégration des moyens aériens avec comme missions principales la recherche et le sauvetage au combat notamment de personnel isolé pilotes éjectés par exemple, l’appui aérien et le renseignement. Le CPA 30 est organisé en huit groupes avec chacun des capacités spécifiques comme le tir de précision au sol ou dans un hélicoptère la collecte de renseignements d’origine humaine ou technique, l’insertion ou l’exfiltration par voie aérienne ou terrestre. L’escadron de transport 3/61 Poitou Stationné sur la base aérienne 123 d’Orléans-Bricy, le Poitou » est l’unité de transport aérien des forces spéciales. Elle est équipée de Transal C160, d’Hercules C130 et de DH-C6 Twin Otter pour en savoir plus sur les avions de transports tactiques de l’armée de l’Air et de l’Espace, cliquez sur ce lien. Ses pilotes sont tous des spécialistes du vol tactique ou de reconnaissance du posé sur terrain sommaire et du vol de nuit. L’escadron d’hélicoptères 1/67 Pyrénées D’abord spécialisé dans les missions de récupération, le Pyrénées intègre le COS en septembre 2020. Régulièrement binômés avec les machines du 4e RHFS, l’escadron apporte la capacité d’appui et de manoeuvre aux commandos des opérations spéciales. L’EH 1/67 est intégralement équipé de Caracal capable, grâce aux moyens techniques et la formation des pilotes, de voler dans des conditions très dégradées de jour comme de nuit et même d’être ravitaillé en vol. Comment intégrer les forces spéciales ? Le recrutement des personnels des forces spéciales est propre à chaque armée, unité et à la spécificité d’emploi. Mais il existe certaines constantes au commandement des opérations spéciales comme un excellent niveau physique retrouvez notre podcast sur la préparation physique avec Teddy Palassy, un ancien commando marine devenu coach sportif une grande disponibilité et une motivation sans faille. S’il existe des recrutements initiaux pour certaines unités, la plupart des commandos viennent des forces conventionnelles et intègrent l’unité de leur choix après une sélection drastique et une formation de plusieurs mois. Les grands faits d’armes du commandement des opérations spéciales depuis 20 ans Les membres du commandement des opérations spéciales sont déployés sur tous les territoires où se trouvent les armées françaises, mais aussi d’autres pays non concernés par les forces conventionnelles. Les membres du COS se sont particulièrement illustrés dans les Balkans, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, en Côte d’Ivoire ou en Centrafrique. Ces 20 dernières années, on les retrouve notamment en Afghanistan 2003 Opération ARES sous commandement allié américain. Somalie 2008 opération Thalathine arrestation de pirates somaliens Niger 2010 déploiement du COS pour la récupération des otages d’Arlit Libye 2011 Participation à l’opération Harmattan Côte d'Ivoire 2011 Soutien de l'opération Licorne. Intervention pour l'évacuation et la protection de ressortissants Mali 2012 Le COS tente de libérer des otages à Tabankort mort des deux otages Mali 2013 Opération Serval, les forces spéciales sont chargées de préparer l’arrivée des troupes, prendre les aéroports et repousser les combattants ennemis. Le COS continue d’apporter sa contribution à cette opération rebaptisée Barkhane avec la Task Force Takuba, une coalition internationale de commandos des forces spéciales chargée de former les FS maliens. Somalie 2013 Tentative de libération de l’otage de la DGSE Denis Alex en appui des forces du service action de la DGSE Niger 2013 Des membres du COS auraient appuyé une opération de l’armée nigérienne visant à libérer des militaires pris en otage à Agadez. Irak-Syrie 2014 La task force Hydra participe notamment à la bataille de Mossoul et la traque des leaders de l'État islamique dans les deux pays. Mali 2015 Des commandos du COS interviennent lors de l’attentat du Radisson Blu à Bamako. La même année les forces spéciales libèrent un otage occidental. Burkina Faso 2016 Le détachement du COS en place dans le pays intervient contre les terroristes après l’attentat contre l’hôtel Splendid de Ouagadougou. Yémen 2018 Des forces spéciales françaises auraient été aperçues aux côtés des forces émiraties notamment lors de la reprise du port de Hodeïda. Burkina Faso 2019 Libération de quatre otages occidentaux dont deux français. Mali 2020 Création de la Task Force Takuba chargée d'accompagner les forces maliennes. Depuis le 1er janvier 2000, 28 commandos du COS sont morts en opération et 13 en mission d’entraînement. Pour vous abonner à notre magazine, recevoir dès à présent le prochain numéro de Défense Zone, accéder à des contenus exclusifs, bénéficier des offres matériels et équipements de nos partenaires, cliquez directement sur l'image ci-dessousLe4e Régiment d'Hélicoptères des Forces Spéciales. Créé en 1997, le 4e Régiment d'hélicoptères des forces spéciales (4e RHFS) de Pau est le bataillon d'hélicoptères des forces spéciales de l'armée de terre. Ce régiment d'élite, qui appartient à l'ALAT (Aviation Légère de l'Armée de Terre) et qui reçoit ses ordres du Le détachement ALAT des opérations spéciales DAOS de Pau devient un régiment. Et pas n'importe lequel le 4e régiment d'hélicoptères des forces spéciales ou RHFS. Le choix du numéro, comme de l'appellation ne doivent rien au hasard c'est le grand quatre 4e RHCM, dissous il y a une dizaine d'années qui avait vu l'émergence de la composante aéromobile spéciale, en 1993. La première opération, à l'époque, avait été menée au Rwanda dans un cadre plus humanitaire qu'autre chose avant de mener une récupération d'un pilote britannique éjecté en Bosnie et des SAS qui l'avaient préservé, en avril 1994 1.Ce qui n'était encore qu'une escadrille des opérations spéciales EOS était devenue DAOS en 1997, au sein du groupement spécial autonome GSA.C'est donc aujourd'hui un régiment opérant près d'une quarantaine de machines de cinq types différents Gazelle, Puma, Caracal, Cougar et bientôt le Tigre, pour lequel les premiers équipages sont déjà qualifiés. Son champ opérationnel s'est encore ouvert, ces dernières années, puisqu'il est désormais au service du GIGN dans le cadre contre-terroriste, et au service de tous, en Afghanistan, en effectuant des missions autant, sa taille reste modeste, avec 280 personnels environ. Un chiffre qui s'explique par une maintenance externe assurée pour l'essentiel par le 5e RHC, voisin et par une forte polyvalence. Du secrétaire au chef, chacun est engageable en opérations. Les administratifs pouvant par exemple être engagés comme gunners à bord des HM...Rappelons que l'ALAT conventionnelle déploie trois régiments d'hélicoptères de combat RHC le 3e RHC actuellement en Afghanistan avec trois Gazelle, le 5e RHC à Kaboul avec trois Tigre et le 1er RHC. Ce dernier avait assuré le déploiement en ugence de Gazelle en Afghanistan, en octobre 2008, tout en participant à l'Eufor Tchad/RCA, à la même époque.1 une histoire contée dans le numéro 270 de RAIDS, qui avait consacré une quadrilogie aux "Ailes du COS".
Depuis une trentaine d’années, ils sont de toutes les guerres, ou presque. Afghanistan, Libye, Centrafrique, Côte d’Ivoire, ex-Yougoslavie, Sahel les hélicoptères des forces françaises sont déployés en permanence en opérations extérieures, sur des théâtres très exigeants. Sur les quelque 300 hélicoptères de l’ALAT Aviation légère de l’armée de terre, une cinquantaine est en alerte permanente, et une vingtaine déployée au Sahel dans le cadre de l’opération Barkhane. Leurs missions ? Très larges renseignement, appui feu, extraction de soldats, frappes sur des groupes terroristes, manœuvres aéroterrestres. "L’hélicoptère permet d’entrer en premier sur un théâtre, avec un très faible préavis, et de frapper rapidement un ennemi en s’affranchissant des obstacles au sol", résume le général Bertrand Vallette d’Osia, patron de l’ALAT. Des hélicoptères de l’ALAT Tigre et Cougar se sont encore distingués les 6 et 7 février en mettant hors de combat, soutenus par un drone Reaper et des Mirage 2000, une trentaine de djihadistes dans la zone dite "des trois frontières", entre Mali, Burkina Faso et Niger. Quelques semaines plus tôt, dans la nuit du 20 au 21 décembre, un assaut héliporté, réalisé de nuit par plusieurs dizaines de commandos appuyés par des hélicoptères Tigre, mettait 33 terroristes hors de combat. "Couteau suisse des armées, la composante hélicoptères joue un rôle stratégique majeur, soulignait un rapport du sénateur Dominique de Legge publié mi-2018. Elle s'est en particulier avérée indispensable pour les forces spéciales, dans le cadre de l'opération Sabre, et plus généralement en bande sahélo-saharienne BSS, dans le cadre de l'opération Barkhane. En effet, l'utilisation des hélicoptères permet une grande mobilité et est indispensable pour l'exploitation, dans des délais très brefs, du renseignement." L'hélicoptère d'attaque Tigre de l'armée de terre photo Armée de terre Essentielles au dispositif français au Sahel, les missions des "ALATmen" sont aussi périlleuses. Les Tigre et autres NH90 Caïman volent à 250 km/h, le plus souvent à 40-50 mètres du sol, et à quelques dizaines de mètres les uns des autres. Déjà délicats de jour, ces vols tactiques le sont encore plus de nuit, des missions qui représentent 15 à 30% des sorties. Un accident n’est jamais exclu, comme l’a montré la collision du 25 novembre dernier entre un Tigre et un Cougar. En s’apprêtant à engager de nuit des groupes terroristes en pick-up et en moto, les deux hélicoptères français sont entrés en collision dans le Liptako malien, tuant les 13 occupants des deux appareils. "Un traumatisme pour la grande famille de l’ALAT, reconnaît le général Vallette d’Osia. Nous savons tous que nous faisons un métier dangereux. Mais il faut repartir de l’avant." Le Guépard en vue Repartir de l’avant, c’est notamment continuer la modernisation de la flotte, dont une partie commence à sérieusement fatiguer. Pour remplacer ses antiques Gazelle 33 ans de moyenne d’âge et ses préhistoriques Puma 44 ans en moyenne, l’armée de terre passe peu à peu à la nouvelle génération elle dispose désormais de 56 hélicoptères d’attaque Tigre, et de 44 hélicoptères de manœuvre Caïman. "La moitié de la flotte a déjà été renouvelée, on tient le bon bout, assure le général Bertrand Vallette d’Osia. Au-delà du remplacement des appareils, il faut aussi repenser leur emploi on ne fait pas la même chose aujourd'hui avec un Tigre qu’hier avec une Gazelle." L’étape suivante sera l’arrivée du Guépard, hélicoptère interarmées léger HIL, dont les premières livraisons sont attendues en 2026. L’ALAT attend 80 exemplaires de cette version militaire du H160 d’Airbus Helicopters. "Le Guépard permettra d’effectuer avec un même appareil des missions de feu, de reconnaissance, de transport", explique le patron de l’ALAT. Il permettra également de mettre progressivement au rebut les vieilles Gazelle, même si celles-ci ont encore de belles années devant elles. "C’est une machine qui a très bien vieilli, assure le général Vallette d’Osia, lui-même pilote de Gazelle. Nous n'en attendons pas moins avec impatience l'arrivée du Guépard." Le futur Guépard, hélicoptère interarmées léger, dont les premières livraisons sont prévues en 2026 photo Airbus Helicopters Faut-il compléter la panoplie avec des hélicoptères lourds, type Chinook ? Le Commandement des opérations spéciales COS et l’armée de l’air appellent régulièrement à l’acquisition ou à la location de telles machines, soulignant la dépendance française aux Chinook britanniques au Sahel. Mais le commandant de l’ALAT ne se montre guère enthousiaste. "D’abord, ce sont des machines qui coûtent cher, explique-t-il. Ensuite, nous sommes des spécialistes des hélicoptères moyens, des vols tactiques, donc rapides et manœuvrants. L’hélicoptère lourd ne répond pas à ce besoin. Il est utile pour les acheminements en opérations. Mais ça, ce n’est pas notre métier." Disponibilité trop faible Avant même de songer à d’éventuels hélicoptères lourds, l’armée de terre doit composer avec une flotte d’hélicoptères hétéroclite huit types d’appareils différents, et une disponibilité encore bien trop basse. Selon les derniers chiffres obtenus par la députée François Cornut-Gentille, les taux de disponibilité des engins de l’ALAT oscillaient entre 27 et 46% en 2018. En clair, entre la moitié et les deux tiers des engins de l’armée de terre sont indisponibles. Le Tigre, un appareil pourtant récent, plafonnait à 28-30% de disponibilité. Le Caïman, lui aussi de dernière génération, ne dépassait pas 30,4%. Seule la bonne vieille Gazelle surnageait, malgré son âge avancé, avec 46,2% de disponibilité. Les causes de ces mauvais chiffres sont multiples hétérogénéité de la flotte, organisation complexe de la maintenance, mauvaise interface entre armée et industriels, défaillance de certains prestataires privés et structures de maintenance des armées… L’ALAT en est réduite à bricoler. Elle arrive à maintenir un taux de disponibilité supérieur à 70%, voire 80% en OPEX, mais c’est souvent au détriment de la disponibilité des engins en métropole, et donc de l’entraînement des équipages. Pour briser le cercle vicieux, la ministre des Armées Florence Parly a lancé en décembre 2017 une grande réforme du maintien en condition opérationnelle MCO des hélicoptères. L’idée est de renforcer la coordination entre les armées et les industriels, et d'identifier pour chaque appareil un maître d’œuvre unique, responsable des coûts et des délais. "Evidemment, nous voudrions plus de disponibilité, mais le système, globalement, remonte en puissance", assure le général Vallette d’Osia. Si les chiffres de disponibilité de 2019 ne sont pas encore connus, les heures d’entraînement, un autre indicateur essentiel, sont reparties à la hausse. "De 154 heures d’entraînement par pilote et par an, nous sommes repassés à 171 heures en 2019, et visons 200 heures à la fin de la loi de programmation militaire en 2025 220 heures pour les pilotes des forces spéciales", assure le COMALAT. Référence mondiale Malgré les tensions sur le matériel et les équipages, le patron de l’ALAT assure que l’'aérocombat' à la française est devenu une référence mondiale. Il ne s’agit plus seulement d’appuyer les troupes au sol, mais de manœuvrer en synergie avec l’infanterie et la cavalerie, pour surprendre et désorienter l'ennemi. "Nos résultats en opérations sont reconnus dans le monde entier, indique le général Vallette d’Osia. Même les Américains sont très intéressés par ce que nous faisons." Les ALATmen ont déjà montré leur flexibilité. En 2011, les hélicoptères de l’ALAT avaient été déployés depuis le porte-hélicoptères Tonnerre en 41 raids donnant lieu à 316 sorties, les hélicoptères Gazelle et Tigre avaient tiré 425 missiles HOT, 1618 roquettes et obus, détruisant 600 cibles militaires, dont 400 véhicules. Une bonne partie des frappes avaient été effectuées par nuit sans lune, à l’aide de jumelles de vision nocturnes. Une Gazelle sur le pont du BPC Tonnerre, pendant l'opération Harmattan en Libye en 2011 photo Armée de terre L’ALAT, créée en 1954, est une véritable PME au sein de l’armée de terre. Elle intègre notamment trois régiments d’hélicoptères de combat 1er, 3e et 5e RHC, un régiment d’hélicoptères des forces spéciales 4e RHFS, dépendant du Commandement des opérations spéciales pour son emploi, une école dédiée Ecole de l’aviation légère de l’armée de terre, un régiment de soutien 9e régiment de soutien aéromobile, et un petit détachement d’avions dédiés à l’aide au commandement 8 TBM700. Avec 220 équipages opérationnels, militaires dont environ mécaniciens, elle réalise heures de vol par an.
Apartir d' aujourd'hui et ce jusqu' au mercredi 21 novembre, le 4e RĂ©giment d'hĂ©licoptères des forces spĂ©ciales (RHFS) de l'armĂ©e de Terre, basĂ© Ă